2010/11/07

Jour 4 — Hôpital général de Port-au-Prince, Orphelinat du père Lespinasse et Camp Gymnasium-Vincent

Visite de l'Hôpital général de Port-au-Prince, de l'Orphelinat du père
Lespinasse et du Camp Gymnasium-Vincent
journée chargée et éprouvante

Dans l'autobus, Robert Lessard (photo) nous fait un debriefing avant chaque visite de site.

Hôpital général de Port-au-Prince
Nous sommes allés en matinée visiter l'Hôpital général de Port-au-Prince, en majorité détruit par le séisme du 12 janvier. Nous avons visité les services de pédiatrie et les urgences. Notre équipe médicale, composée de la médecin Clertida Lamothe-Cassamajor, de Caroline Poulin (ex-inhalothérapeute), de la représentante pharmaceutique Manon Poitras et de l'infirmière Nathalie Cliche, ont fait l'état des lieux et l'inventaire des besoins avec les médecins. Elles ont été témoin de nombreux cas de déshydratation, malnutrition, fièvre, problèmes rénaux non traités, tumeurs, etc.

La situation est désolante : une partie de l'hôpital, détruite lors du séisme, a été relocalisée dans des cabanes en bois mal ventilées et surchauffées. Il n'y a pas d'infirmière pour s'occuper de changer les poches de soluté, celles-ci se vident et les tubulures finissent par se remplir de sang. Du côté de la maternité, l'hôpital n'a rien à voir avec nos hôpitaux québécois. Les salles et couloirs ne sont pas propres, poussiéreux, fissurés et mal équipés. Il y a peu de personnel compétent, témoigne Caroline Poulin, et l'hygiène de base est peu respectée : le personnel médical ne porte ni masque ni gant, sauf pour les prématurés.

Ensuite, nous nous sommes rendus au 2e Orphelinat du père Lespinasse, dans le secteur Turgeau. Cet orphelinat est dirigé par Rolande Lafontain. C'est sa mère, une octogénaire pleine d'énergie, qui nous a reçus et raconté en détails la façon dont elle a vécu le séisme et comment le père Lespinasse a finalement été retrouvé sous les décombres d'un autre bâtiment. Cette fois, nous y avons
rencontré les enfants plus âgés : de 8 à 18 ans. Ils ont été comblés par les vêtements, ballons, souliers et tenues de soccer, sandales, jeux éducatifs et livres que nous leur avons apportés au nom de tous nos donateurs.

Robert et Clertida nous ont ensuite fait la surprise de nous organiser une halte dans un petit kiosque pour un goûter typique à base d'accras de boeuf et de morue. Beau petit moment de décompression ! Robert et Patricia ont même esquissé quelques pas de zouk dans la rue : la chanson de Kassav, "Zouk la sé sèl médikaman nou ni" (le zouk, c'est le médicament qu'il nous faut), n'a jamais été autant d'actualité.


Camp Gymnasium- Vincent dans le quartier Bas-peu-de-chose
Eh oui, vous avez bien lu : il ne s'agit pas de Pas-peu-de-chose!C'est notre amie Jessica qui nous l'a confirmé. Grâce à Robert Lessard, qui l'a prise sous son aile, cette pétillante Haïtienne prépare maintenant sa médecine, sur les traces de Clertida.

Nous sommes arrivés en début d'après-midi dans ce camp nommé Gymnasium, car situé vis-à-vis du Gymnasium Vincent. Entassées les unes sur les autres, plus de 40 familles y résident (le responsable du camp, apparemment dépassé, n'en connaît pas le chiffre exact). Clertida, assistée de Nathalie, Manon et Caroline, y ont soigné particulièrement femmes et enfants. Elles ont dispensé des traitements de grippe, vaginite, ulcères gastriques, vermifuges, beaucoup d'anémies, surtout chez les femmes. Elles ont également donné des suppléments vitaminiques et alimentaires. Pendant ce temps, nous avons fait la distribution de jouets, jeux éducatifs et ballons de soccer. Nous y passeront trois heures, le temps de donner les soins et médicaments à tous.

Pour la première fois, notre équipe a senti une pression importante lors de la distribution des biens, qui a failli mal tourner. Les familles ont com
mencé à se bousculer pour arriver en premier, le tout dans une chaleur éprouvante. Mais, grâce aux conseils et à l'intervention d'une mère de famille du camp, Martine, une femme admirable, tout s'est finalement déroulé dans l'ordre. Nous étions loin de nous douter que les ballons de soccer auraient un tel succès : ils ont fait le bonheur de dizaines d'enfants (et d'adultes), qui ont été jouer immédiatement après dans le gymnase couvert (enfin en partie, car les infiltrations d'eau y sont nombreuses).

Photo F. Bourg / Camp Gymnasium : système-D pour faire sécher le linge

Le groupe est passé faire des courses au supermarché : cela a été un face-à-face avec les étiquettes de prix, témoignant que le coût de la vie est très élevé ici, même pour les plus démunis. Puis, retour aux maisons de Delmas et de Belvil pour un souper communautaire.

Quelques mets haïtiens que nous avons goûté depuis notre arrivée :
bananes séchées vendues dans la rue,
soupe giraumon, croquettes d'arbre véritable, griot de porc, tassot de boeuf, riz aux fèves rouges. Ce sont des plats maison : merci à nos hôtes !!!

Parmi les différentes sortes de bananes en Haïti : banane plantain ou figue-banane, figue Ti-Malice, Banane grosse botte, banane pugnac (photo)
banane musquée (photo)

texte et photos : Florence Bourg

L'Expé-mission en photos par Jean-Pierre Danvoye

Jacques à l'Orphelinat du père Lespinasse


Le petit Enrico avec Alex


Distribution de livres et de matériel scolaire à l'École Mark-Bourque

Serge Côté en animateur pour enfants : chants et danse au programme!


La plupart des enfants ne se sont jamais vus en photo, ils raffolent de voir leur image sur le petit écran numérique...

Orphelinat du père Lespinasse